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Abbayes et prieurés mauristes

*Le Mans (Abbaye Saint-Vincent)

Une des plus anciennes abbayes de France.

Historique | L’œuvre mauriste | La situation actuelle | Liste des prieurs | Bibliographie | Liens

Abbaye Saint-Vincent du Mans.
Province de Bretagne (Sarthe)
Diocèse du Mans
Réformée en 1636.

Monasticon de l’abbaye de Saint-Vincent du Mans
Saint Domnole : vitrail de l’église St Laurent de Paris

Vers 572 : le 6 mars Domnole, évêque du Mans, ancien abbé de Saint-Laurent à Paris, donne par testament de grands domaines fonciers à ce qui allait devenir l’abbaye Saint-Vincent. Le 1er novembre il fait la dédicace de l’abbatiale en présence de l’évêque de Paris, saint Germain. On considère donc cette année 572 comme celle de la fondation de l’abbaye.
Vers 836 saint Aldric lui-aussi évêque du Mans, fait reconstruire les lieux réguliers et il y réinstalle des moines.

IXe- XIe siècles : les pillages des Bretons et des Normands, la dispersion des biens de l’abbaye par quelques évêques du Mans sont à nouveau à l’origine de grandes difficultés pour l’abbaye devenue sans doute résidence de canonici aux IXe et Xe siècles.. Mais la famille de Bellême, rivale des comtes du Maine, permit la renaissance de Saint-Vincent au XIe siècle. L’évêque Avesgaud, marqua son intérêt pour Saint-Vincent en faisant reconstruire l’abbatiale et en en lui restituant une partie de ses domaines. Son successeur, Gervais de Château-du-Loir, fait nommer son neveu, un autre Avesgaud, abbé de Saint-Vincent et il y impose le retour à l’observance bénédictine. Il cède également aux moines tous les droits de l’évêque sur l’abbaye.

XIIe - XIIIe siècles : l’abbaye restaurée dispose de 5 à 7000 hectares dans le Maine mais aussi en Pays de Galles. Ces biens sont gérés dans le cadre d’une cinquantaine de prieurés et l’abbaye patronnait une soixantaine d’églises, dont 7 en Angleterre. Les donations sont nombreuses, au moins jusqu’au XIIIe siècle et pour les donateurs, le retour attendu est d’ordre spirituel : inscription sur le rouleau du nécrologe, célébration de messes, promesse de sépulture dans le cimetière abbatial. En 1204 le pape Innocent III confirme toutes les possessions de l’abbaye et ses privilèges.

Missel de Philippe de Luxembourg, cliché Médiathèque Aragon Le Mans.

XVe - XVIe siècles : pendant la guerre de cent Ans, les bâtiments conventuels furent détruits par les Anglais de Talbot venus secourir le comte de Suffolk, assiégé dans la ville du Mans. Le grand schisme entraîna aussi la perte des domaines anglais. Plus grave encore, à partir de 1466, l’abbaye tombe en commende et Thibault de Luxembourg, évêque du Mans, abolit la régularité. Heureusement, son fils, le cardinal Philippe de Luxembourg, légat du pape et abbé de Saint-Vincent fit entrer Saint-Vincent dans la congrégation de Chezal-Benoît et abolit le système de la commende. A son tour il restaura l’abbatiale et les bâtiments conventuels.

Saint-Vincent dans la congrégation de Chezal-Benoît.

En 1502, dom Yves Morrisson devint abbé régulier de Saint-Vincent, après que Philippe de Luxembourg se soit démis de sa charge en sa faveur. En 1516, le pape reconnut la nouvelle congrégation et le chapitre général put désormais nommer les abbés des 5 abbayes qui la composaient. Pendant cette période, l’histoire de l’abbaye est marquée par la présence dans ses murs d’un grand humaniste, dom Charles Fernand, bibliothécaire et auteur de plusieurs ouvrages, où il s’attache à définir un idéal de contemplation au cœur de la vie monastique. Le grand architecte Simon Hayeuneuve semble y avoir vécu et il a peut-être participé à une première restauration des bâtiments conventuels. Il a été enterré dans l’abbatiale.

Les Mauristes à Saint-Vincent.

Dom Bondonnet

A partir de 1632, une première tentative de rattachement à la congrégation de Saint-Maur est initiée par l’abbé dom Le Mercier et le cellérier bibliothécaire dom Bondonnet. Elle échoue devant la résistance de l’évêque du Mans, Claude d’Angennes et des Manceaux peu enclins à perdre les aumônes distribuées par l’abbaye. L’entrée de moines étrangers dans les murs de la vieille abbaye mancelle ne leur plaisait pas beaucoup non plus.

Après cette première tentative, c’est seulement en 1636 que les mauristes purent s’établir à Saint-Vincent. Les anciens durent s’établir dans des prieurés dépendant de l’abbaye mais les manceaux ne perdirent pas leurs aumônes, c’était un des points de l’accord imposé par les commissaires du Roi.

Histoire littéraire frontispice

Ayant appartenu à l’ancienne congrégation de Chezal-Benoit, Saint-Vincent garda un abbé régulier, ce qui justifie sans aucun doute le rôle tenu par l’abbaye dans la congrégation de Saint-Maur et l’importance prise par la reconstruction des bâtiments conventuels. La nomination à la tête de l’abbaye de grandes personnalités, comme, par exemple dom Audren, explique aussi que Saint-Vincent a connu, une période de grande activité intellectuelle : dom Lobineau en effet y résida pendant qu’il écrivait l’Histoire de Bretagne et dom Rivet et ses collaborateurs y écrivirent la première Histoire littéraire de la France.

Logis de l’abbé (Photo : CEMJIKA)

La reconstruction de l’abbaye.

Le porche médiéval rue Saint-Vincent et un petit manoir construit à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle constituent aujourd’hui les ultimes témoignages de l’ancienne abbaye. Les mauristes reconstruisirent en deux grandes étapes l’abbaye qu’ils occupaient depuis 1636.

La longueur des travaux, près d’un siècle, nous permet de voir évoluer en un seul lieu le modèle mauriste de reconstruction de leurs abbayes.

La première campagne de reconstruction de l’abbaye (1685-1690)

Entre 1685 et 1690 les travaux concernèrent la moitié sud-est du bâtiment central et son retour en équerre. Cette reconstruction se fit sous les abbés dom Placide Chassinat et dom Louis Trochon.

La Salle des piliers (Photo : Amis de l’Abbaye de Saint-Vincent)

La salle des Piliers, presque unique en France et l’escalier de la Trinité sont aujourd’hui les joyaux de l’abbaye Saint-Vincent. La salle des Piliers, sans doute salle de récréation des moines mais aussi salle de réception, est dotée à chaque extrémité de deux belles cheminées, très baroques par leur ornementation.

Escalier de la trinité (Photo Les amis de l’Abbaye Saint-Vincent)

L’escalier de la Trinité, ainsi nommé parce que le sculpteur a représenté sur la colonne centrale les trois personnes de La Trinité. L’œuvre a donc un sens spirituel et pas seulement ornemental : les moines descendant de leurs cellules ou venant du jardin avaient ainsi tous les jours sous les yeux ces trois superbes bas-reliefs. En venant du jardin ils avaient pu lire aussi la devise de Louis XIV, nec pluribus impar, gravé sur le fronton de l’avant-corps sud. En 1685, Louis XIV venait d’abolir l’édit de Nantes et peut-être les mauristes traduisaient- ils ainsi leur soutien au monarque, avec lequel ils étaient pourtant en conflit en particulier à propos de l’absence d’abbé commendataire à Saint-Vincent. En 1690, les travaux s’arrêtent par suite sans doute de difficultés financières.

La deuxième campagne de reconstruction.

Réfectoire des moines (Photo : Les amis de l’abbaye de Saint-Vincent)

Les travaux ne reprirent qu’en 1725 et ils ont duré jusqu’en 1758. Les moines reconstruisirent un superbe réfectoire et toute l’aile ouest destinée à l’hôtellerie. De véritables appartements chauffés sont construits dans les étages, ce qui traduit sans doute un moindre respecte de la règle.

Réfectoire des hôtes (Photo : Les amis de l’abbaye de Saint-Vincent)

La salle des hôtes et le grand salon d’accueil sont eux aussi chauffés et les murs sont agrémentés par des cartouches très ornementés. Le grand escalier de 1758 reste par contre lui sans aucune ornementation : il était pour l’essentiel destiné aux moines mais cela n’empêche pas de le doter d’une très belle rampe en fer forgé, d’une grande élégance.

La fin de l’abbaye mauriste.

Façade ouest de l’Abbaye (Photo : M.L.)

En 1789, il restait à reconstruire une partie de l’aile est mais les mauristes n’en eurent pas le temps. En 1790 ils durent quitter leur abbaye après la suppression des congrégations religieuses et la confiscation des biens du clergé. Ceux-ci furent vendus ou mis à la disposition de la nation : Saint-Vincent devint pendant quelques années caserne. Sa très belle bibliothèque confisquée, entra dans le patrimoine national.et de superbes ouvrages sont conservés aujourd’hui par la Médiathèque Louis Aragon du Mans.

André Lévy


Liste des prieurs

1636. D. Ignace Philibert.
1720. D. Jean Bapt. Guyon.
1639. D. Bède de Fiesque - 1642. Contin.
1723. D. François Le Texier. - 1726. Contin.
1645. D. Ignace Philibert - 1648. Contin.
1729. D. Jean François Murault.
1651. D. Jean Bapt. Godèfroy - 1654. Contin.
1733. D. Jacques Nicolas Maumousseau. - 1736. Contin.
1657. D. Placide Chassinat - 1660. Contin.
1739. D. Jean Delaunay.
1663. D. Anselme des Rousseaux.
1742. D. Jean Nicolas Chrestien.
1666. D. François Ohévrier.
1745. D. Hyacinthe Briancourt. - 1748. Contin.
1669. D. Placide Chassinat - 1672. Contin.
1751. D. Pierre Martin. - 1754. Contin.
1675. D. Joachim Le Comtat. - 1678. Contin.
1757. D. Philippe Lebel.
1681. D. Placide Chassinat 1684. Contin.
1760. D. René Anne Even [1].
1687. D. Louis Trochon. - 1690. Contin.
1763. D. René Jean Rouaud
1693. D. Maur Audren. - 1696. Contin.
1766. D. Ambroise Augustin Chevreux. - 1769. Contin.
1699. D. Henri Fermelis. - 1702. Contin.
1772. D. Edmond Jean Bapt. Peret.
1705. D. Maur Audrun. - 1708. Contin.
1775. D. Pierre Philippe Bourdon.
1711. D. Charles d’Isard.
1778. D. Pierre Jehors. - 1781. Contin.
1714. D. François Redon
1783. D. Jean Bapt. Giron.
1717. D. Maur Audren.
1788. D. Pierre Jehors.

Source : Dom G. Charvin, Contribution à l’étude du Personnel de la Congrégation de Saint-Maur 1612-1789, Revue Mabillon, Archives de la France monastique, n° 193, 1958

Notes

[1Remplaçé à la Diète de 1759 par dom René A. Even

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Façade ouest de l'Abbaye (Photo : M.L.) Missel de Philippe de Luxembourg, cliché Médiathèque Aragon Le (...) Domnole dom Bondonnet (Photo : ) Escalier de la trinité (Photo Les amis de l'Abbaye Saint-Vincent) Logis de l'abbé (Photo CEMJIKA) Réfectoire des hôtes (Photo : Les amis de l'abbaye de Saint-Vincent) Réfectoire des moines (Photos : Les amis de l'abbaye de Saint-Vincent) Salle des piliers (Photo : Amis de l'abbaye de Saint-Vincent)
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Publié le lundi 23 mai 2011

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