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Prieuré Notre-Dame de Tuffé.
Province de Bretagne (Sarthe)
Diocèse du Mans
Réformée en 1648.
Une abbaye de moniales au VIIe siècle
Selon la tradition, une abbaye de moniales fut fondée à Tuffé par une dame noble nommée Loppa. Elle en devint la première abbesse. A cette abbaye de femmes, s’ajouta un monastère d’hommes chargés du temporel. Peu à peu, les religieux développèrent leur sujétion ; ainsi se créa le bourg de Tuffé, autour de l’abbaye à laquelle vint s’ajouter une église paroissiale.
Si, de cette époque, nous disposons de quelques sources écrites, il n’en est pas de même de l’époque suivante, les sources demeurent muettes jusqu’au XIe siècle. D’ailleurs, il est fort probable que la vie monastique fut abandonnée en raison des troubles du moment (incursions normandes) ; ce qui fut le cas dans la plupart des monastères du Haut-Maine.
Quoi qu’il en soit, le calme revenu, la vie monastique reprit ses droits sous l’égide du seigneur Hugues de Mondoubleau ; il était fréquent à cette époque que les fondations religieuses soient détenues par des laïcs qui en récupéraient les profits. Toutefois, à sa mort, en 1073, Hugues de Mondoubleau légua le monastère devenu exclusivement masculin, à l’abbaye Saint Vincent du Mans.
Le prieuré bénédictin
Dès lors, l’abbaye Notre Dame de Tuffé devint prieuré et le restera jusqu’à la Révolution. La donation fut particulièrement intéressante pour l’abbaye St Vincent car en plus des biens religieux, Hugues de Mondoubleau y ajouta le bourg de Tuffé, une partie de ceux de St-Hilaire et de la Chapelle St Rémy, ainsi que les terres avoisinantes.
Richement pourvus de terre, les moines bénédictins entreprirent la mise en valeur de leurs biens. En 1100, ils creusèrent le « grand étang » qui subsista au moins jusqu’à la Révolution (celui-ci était situé à peu près à l’extrémité nord de l’étang actuel) ; vers la même époque, ils défrichèrent et mirent en place un grand nombre d’exploitations agricoles dont la plupart existent toujours.
Mais, bientôt, avec le retour des difficultés – guerre de 100 ans, problèmes internes aux ordres bénédictins – les religieux durent concéder une partie de leurs terres à des seigneurs laïcs, notamment à celui de Chéronne.
Puis au XVIe siècle, la vie religieuse dut être restaurée et ce ne fut qu’avec la reprise en main par la congrégation de St Maur (1646) que le prieuré retrouva son lustre passé ; il connut même sa période la plus florissante. Cela permit aux moines de reconstruire l’ensemble des bâtiments conventuels, à l’exception de l’église abbatiale, de 1685 à 1740. De cette reconstruction datent les deux porches (celui situé sur la place et celui situé près du chevet de l’église), la galerie de cloître, dont il reste une partie importante acquise par la municipalité en 1985, ainsi que le logis prieural (acquis en 2003)
Ces vestiges qui présentent une réelle valeur patrimoniale, permettent de découvrir une architecture religieuse et une histoire monastique remarquables, léguées par les moines bénédictins de la congrégation de Saint Maur.
Au monastère, s’ajoutaient des bâtiments agricoles et des terres exploitées par les moines ; l’ensemble était ceint de murs et de tourelles qui n’étaient pas tant défensifs que symboliques.
D’ailleurs, à l’arrière du prieuré, il ne semble pas y avoir eu de murs, mais seulement un vaste marécage séparant les biens religieux de ceux du château de Chéronne.
La fin du prieuré
Le prieuré fut occupé par les moines jusqu’en 1768, puis les moines ne vinrent plus à Tuffé qu’occasionnellement jusqu’à ce que le prieuré soit vendu en tant que bien national en 1792.
A leur départ, reculant devant le coût des réparations, les moines firent détruire l’abbatiale qui menaçait ruine.
Après la Révolution, le prieuré fut transformé en faïencerie
Un inventaire lors du décès de Jean Galmard en 1812 atteste de l’importance de la fabrication : elle ne comportait pas moins de 6 tours de potier, un moulin à broyer les émaux (dans le pigeonnier) et plusieurs dizaines de milliers de pièces étaient entreposées en attente de cuisson.
En 1873, le corps de bâtiment le plus important fut à son tour démoli, de telle sorte qu’il ne resta plus qu’une partie du cloître, transformé en logis d’exploitation agricole, et un pavillon utilisé en résidence secondaire, jusqu’à l’acquisition par la commune de Tuffé.
La restauration.
Après avoir restitué au pigeonnier son élévation et le toit conique attestés par les gravures du XVIIIe siècle, (2004-2006), la commune a engagé les travaux de mise hors d’eau du « pavillon ». Le ravalement des façades et l’étude archéologique qui les ont accompagnés ont permis de retrouver les étapes de l’évolution du bâti : les éléments les plus anciens remontant au XIIe siècle. Toutefois, la mise en relation entre les différentes sources iconographiques, les textes et l’existant pose encore des énigmes, notamment sur la fonction des salles du pavillon subsistant, et, plus troublante encore, l’implantation exacte de l’abbatiale.
En 2004, une association s’est constituée pour mettre en valeur et animer le site..
Outre un travail de recherches historiques, elle œuvre pour donner aux lieux une fonction culturelle, dans le cadre du réseau « Patrimoine vivant » de la Sarthe. Elle travaille à mettre en valeur le parc pour en faire à terme un des beaux jardins de la région.
1648. Providebit Abbas Sancti. |
1711. D. Louis Jacques. 1714. Contin. prior. |
1651. Vincentii Cenomanensis. |
1717. D. Jean Bapt. Gobert. |
1654. D. Guillaume de Rieux. 1657. Contin. |
1720. D. Joseph Fournier (adm.). |
1660. D. Julien Raguideau. 1663. Contin. prior. |
1723. D. Jacques Le Gai [1]. |
1666. D. Michel Canart. 1669. Contin. |
1726. D. Pierre Allard. 1729. Contin. |
1672. D. Julien Turpin [2]. 1675. Contin. prior. |
1733. D. Hyacinthe Rolland [3]. |
1678. D. Charles Hérissé. 1681. Contin. |
1736. D. Pierre Allard. |
1684. D. Georges Terriau. 1687. Contin. |
1739. Contin. 1742. D. Thomas Lohier. |
1690. D. Thomas Jouneaux. 1693. Contin. |
1745. Julien Debos. |
1696. D. Pierre Quillet [4]. |
1748. D. Jean Bapt. Petit. 1751. Contin. |
1699. D. Joseph Gouin. |
1754. D. Charles de Cervol. 1757. Contin. |
1702. D. Louis Le Maignien. |
1760. D. François Remont. 1763. Contin. |
1705. D. Alexandre Thévin. |
1766. [5]. |
1708. D. Etienne Deschamps. |
Source : Dom G. Charvin, Contribution à l’étude du Personnel de la Congrégation de Saint-Maur 1612-1789, Revue Mabillon, Archives de la France monastique, n° 193, 1958
Pesche (Julien-Rémy), Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, tome VI, Le Mans, 1842 (réédition Paris, Ed. du Palais Royal, 1974).
Girault (Charles), Les biens d’Eglise dans la Sarthe à la fin du XVIIIe siècle, Laval, Goupil, 1953.
Oury (Guy-Marie), Les bénédictins de Saint-Maur au prieuré Notre-Dame de Tuffé. 1646-1768, dans La Province du Maine, octobre-décembre 1981, pp. 369-394.
L’Abbaye Saint-Vincent du Mans, sous la direction d’André Lévy, Collection « Redécouvrir » Editions de la Reinette, 1998
Potiers et faïenciers de la Sarthe, sous la direction de Lucette Combes-Mésière et Gil Galbrun-Chouteau, Editions de la Reinette, Tours, 2002.
Pichard (Edwige), Le prieuré de Tuffé au temps des Mauristes. 1646-1766, Rapport de recherche de Master I d’Histoire, sous la direction de Didier Boisson, Université du Maine, 2004-2005.
Les Mauristes dans le Haut-Maine aux XVIIe et XVIIIe siècles. Actes du colloque de Tuffé du 30 mars 2005. Textes réunis par André Lévy. La Province du Maine, revue de la Société Historique de la Province du Maine, Tome 108, fascicules 77 et 78, 2006
Thierry Barbeau, Les jardins monastiques à l’époque moderne : Hortésie chez les mauristes, collection « Bibliotheca Vincentiana » ITF Editeurs, 2007
Sylvie Lemercier, Jean-Pierre Maupay, Tuffé, l’abbaye retrouvée, La vie Mancelle et Sarthoise, revue de l’Association Culturelle et Touristique du Mans et de la Région , n°404, p.2, avril 2009
Les hommes et les défis d’une restauration, Actes du Colloque Le Mans Tuffé Vivoin novembre 2008, sous la direction d’André Lévy, Collection « Bibliotheca vicentiana », ITF Editeurs, 2010
Liens :
Le site des Amis de l’abbaye de Tuffé